L’organisation caritative Oxfam a déclaré que « la famine à Gaza n’est pas accidentelle mais un acte délibéré et entièrement planifié ».
« Elle pourrait causer la plus grande population menacée par la faim au monde », a averti cette confédération d’une vingtaine d’organisations caritatives indépendantes travaillent ensemble et en collaboration avec des partenaires locaux répartis dans 66 à travers le monde.
Rappelant qu’Israël impose un blocus complet à Gaza depuis deux mois, alors que des milliers de camions chargés de fournitures vitales sont abandonnés à la frontière, elle a assuré : « c’est une famine évitable, et elle se produit sous nos yeux ».
Des enfants trop faibles pour pleurer
Et Oxfam de poursuivre en décrivant la situation lamentable : « Des familles meurent de faim, des enfants sont tellement mal nourris qu’ils sont trop faibles pour pleurer et des communautés entières vivent sans nourriture ni eau potable. Dans un camp de déplacés, seules cinq familles sur 500 disposaient de suffisamment de farine pour faire du pain ».
Nous avons distribué nos derniers colis alimentaires il y a quelques semaines, a-t-il rappelé.
Oxfam a critiqué le projet d’Israël de militariser l’acheminement de l’aide humanitaire qui « constitue une violation flagrante du droit international humanitaire ». « Ce plan menace de pousser cette catastrophe vers un effondrement complet. Transformer l’aide en un outil de contrôle met en danger les civils et porte atteinte à la neutralité de l’action humanitaire. »
« Le silence face à cette famine est une complicité », a-t-elle averti. Demandant aux « gouvernements d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de mettre fin au blocus, de garantir un accès humanitaire complet et de tenir Israël responsable de l’utilisation de la famine comme arme de guerre. »
IPC: « Un risque critique de famine ».
Ce lundi, un rapport publié par IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) met en garde que la bande de Gaza est confrontée à « un risque critique de famine », avec 22% de la population bientôt dans une situation « catastrophique ».
Toute la population risque d’être d’ici septembre en situation de crise « ou pire » en terme d’insécurité alimentaire, et 470.000 personnes, soit 22% du total, en situation de « catastrophe », indique ce rapport, fruit du travail d’ONG, institutions et agences de l’ONU spécialisées.
« Après 19 mois de conflit, la bande de Gaza est toujours confrontée à un risque critique de famine. (…) Des produits indispensables à la survie des gens sont soit épuisés, soit devraient manquer dans les semaines à venir. Toute la population est confrontée à de hauts niveaux d’insécurité alimentaire aigüe, un-demi-million faisant face à de l’inanition », souligne le rapport de ce partenariat créé en 2004 pour évaluer la situation alimentaire dans les pays en crise.
Pour la période du 1er avril au 10 mai, le consortium, qui classe le niveau d’insécurité alimentaire selon cinq niveaux, a classé 1,95 million de personnes (93% du total) en situation de « crise » (niveau 3) « ou pire », dont 925.000 en niveau 4 (urgence) et 244.000 personnes en situation de catastrophe (niveau 5).
« C’est une détérioration significative par rapport à la précédente analyse » publiée en octobre, note le rapport.
FAO: « Effondrement de l’agriculture »
« Avec l’expansion annoncée des opérations militaires à travers la bande de Gaza, l’impossibilité persistante pour les agences humanitaires d’accéder à des populations en grand besoin, une escalade anticipée des hostilités et les déplacements continus de populations, le risque de famine dans la bande de Gaza n’est pas juste possible – il est de plus en plus probable », ajoute-t-il.
Dans la foulée de cette publication, l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à « la restauration immédiate de l’accès humanitaire et à la levée des blocus », « face au risque imminent de famine, à l’effondrement quasi total de l’agriculture et à la possible apparition d’épidémies meurtrières ».
L’aide humanitaire est essentielle aussi pour maintenir une production alimentaire minimale, notamment l’élevage (kits vétérinaires, aliments pour animaux…), dernière source accessible de lait, œufs et viande pour de nombreuses familles, souligne la FAO.
Israël bloque depuis le 2 mars l’entrée de toute aide à Gaza, et affirme qu’il n’y a pas de crise humanitaire sur le territoire. Il a annoncé le 5 mai un plan de « conquête » de l’enclave prévoyant un déplacement de la population. Ce qui a soulevé des condamnations internationales.
« Des familles à Gaza ont faim alors que la nourriture attend à la frontière », a souligné lundi la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, pour qui « la communauté internationale doit agir urgemment pour permettre à l’aide de revenir à Gaza. Si nous attendons qu’une famine soit confirmée, il sera trop tard pour beaucoup de personnes ».
Source: Avec AFP