Une nouvelle décision qui risque de mettre de l’huile sur une affaire déjà en ébullition et d’empêtrer davantage le président américain Donald Trump : il a limogé la procureure américaine impliquée dans la procédure pénale contre le financier américain Jeffrey Epstein, mort en prison avant d’être jugé pour crimes sexuels.
Maurene Comey est par ailleurs la fille de James Comey, l’ancien directeur du FBI, brutalement limogé par Donald Trump en 2017 lors de son premier mandat et actuellement visé par une enquête de la police fédérale.
En poste au parquet fédéral de New York, Maurene Comey qui faisait partie de l’équipe de procureurs qui instruisait le dossier contre Jeffrey Epstein a été licenciée mercredi sans préavis, précisent les médias américains.
Sollicité par l’AFP, le ministère de la Justice s’est refusé à tout commentaire.
La mort de Jeffrey Epstein, retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019, a alimenté d’innombrables théories selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations embarrassantes sur toute une série de personnalités de premier plan impliqué dans des crimes sexuels avec des mineurs.
La semaine dernière, le ministère de la Justice et le FBI ont annoncé n’avoir découvert aucun élément nouveau dans le dossier Epstein qui justifierait la publication de nouveaux documents.
Dans un mémorandum conjoint, le ministère et le FBI confirment le suicide en prison de Jeffrey Epstein et non son assassinat présumé et affirment n’avoir découvert, lors d’un examen approfondi de la totalité du dossier, ni « liste de clients » de son réseau d’exploitation sexuelle ni « preuves crédibles qu’il aurait fait chanter des personnes puissantes ».
Ces conclusions ont ulcéré une partie de la base de Donald Trump, qui espérait des révélations explosives avec son retour au pouvoir, son administration s’étant engagée à « lever le voile » sur cette affaire « répugnante ».
Visiblement agacé de ne pas parvenir à éteindre cette polémique venant de son propre camp, Donald Trump a accusé mercredi « quelques républicains stupides et idiots » de faire le jeu de ses opposants démocrates en émettant ces critiques.
Jeudi il a annoncé qu’il allait poursuivre le Wall Street Journal, News Corp et M. (Rupert) Murdoch », le magnat des médias propriétaire du groupe, pour un article lui attribuant une lettre salace adressée au financier en 2003, le qualifiant de « faux, malveillant et diffamatoire ».
Selon le média The Wall Street Journal, Donald Trump aurait envoyé une lettre aux propos équivoques à Jeffrey Epstein, un homme d’affaires américain accusé d’avoir organisé des fêtes dans lesquelles des mineures étaient exploitées sexuellement, pour son cinquantième anniversaire.
Le lendemain il a attaqué en justice le quotidien, ainsi que deux de ses journalistes, et leur a réclamé au moins dix milliards de dollars, selon la plainte consultée par l’AFP.
Ils « ont inventé cette histoire pour ternir la réputation et l’intégrité du président Trump, et le présenter de manière trompeuse sous un jour mensonger », peut-on lire dans la plainte.
« Nous avons toute confiance dans la rigueur et l’exactitude de nos informations, et nous nous défendrons vigoureusement », a réagi le groupe propriétaire du Wall Street Journal, Dow Jones.
En réponse aux critiques de certains de ses partisans, qui l’accusent de vouloir étouffer la polémique, le président américain avait assi donné l’ordre à sa ministre de la Justice Pam Bondi de demander à un tribunal fédéral d’autoriser la publication des documents judiciaires ayant conduit à l’inculpation de Jeffrey Epstein pour trafic sexuel de mineures en 2019.
Mais lorsqu’il a été interrogé vendredi à la Maison Blanche pour savoir s’il comptait réclamer la publication d’autres documents liés au dossier Epstein, le milliardaire de 79 ans n’a pas répondu.
Jeffrey Epstein a été arrêté et inculpé en juillet 2019 pour trafic sexuel de mineures et association de malfaiteurs en vue de commettre cette infraction.
Mais il n’a jamais été jugé pour ces faits : ce riche financier avait été retrouvé mort dans sa cellule de prison peu de temps après son inculpation. Une version des faits avance la théorie de son élimination pour le réduire en silence, alors qu’il avait juré de faire des révélations fracassantes.
Il avait déjà été condamné à une courte peine de prison en 2008, notamment pour avoir recruté une mineure à des fins de prostitution.
Mais sa complice, Ghislaine Maxwell, a été condamnée à 20 ans de prison en juin 2022 à New York pour crimes sexuels. Elle était poursuivie sur six chefs d’accusation de crimes sexuels, dont cinq ont été retenus et en particulier le plus grave : le trafic de jeunes filles mineures dont de 14 ans au bénéfice du financier américain Jeffrey Epstein.
Des figures proches du mouvement trumpiste MAGA, « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l’Amérique », en français) militent depuis des années pour la publication d’une supposée liste secrète de clients de Jeffrey Epstein.
Le rapport commun du ministère de la Justice et la police fédérale, le FBI, niant l’existence de preuve de l’existence d’une telle liste ou d’un chantage envers certaines personnalités a entrainé un déferlement de messages furieux venant de comptes « MAGA » sur les réseaux sociaux.
Donald Trump, qui a été proche de Jeffrey Epstein jusqu’au milieu des années 2000, s’en est ouvertement agacé. Il a qualifié cette frange de ses partisans de « stupides », tout en accusant l’opposition démocrate d’avoir orchestré une campagne visant à le mêler à l’affaire.
Plus récemment, Elon Musk après sa « séparation » de l’administration Trump a déclaré, sur X que le président américain figurait bel et bien sur la « Liste Epstein » et que c’était la raison pour laquelle ils n’avaient pas été rendus publics. Une déclaration qui a remis le feu aux poudres.
Source: Avec AFP