Le Bureau médiatique du gouvernement de Gaza a révélé que seuls 9 camions d’aide humanitaires ont été autorisés ce lundi à entrer dans la bande de Gaza alors que celle-ci a besoin de 500 camions par jour.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annoncé qu’une petite quantité d’aide serait autorisée après plus de deux mois de blocus.
« L’occupation israélienne fait la promotion de l’entrée de seulement neuf camions chargés de compléments alimentaires pour enfants, à un moment où la bande de Gaza a besoin d’environ 500 camions d’aide par jour, soit un total de 44 000 camions pendant les 80 jours d’un blocus total et d’une famine qui s’aggrave.
Rappelant qu’Israël a « complètement fermé les points de passage pendant près de trois mois, et empêché l’entrée de nourriture, de carburant et de médicaments, dans le cadre d’une politique de famine systématique ciblant plus de 2,4 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza », le bureau fait remarquer que « la proportion qui est entrée aujourd’hui ne dépasse pas 0,02% des besoins humanitaires réels ».
Selon le bureau, « cette aide symbolique fournie par l’occupation s’inscrit dans le cadre d’une tromperie médiatique et d’une tentative de contourner la pression internationale croissante ».
« Le gouvernement d’occupation et la communauté internationale sont entièrement responsables du crime humanitaire en cours », a-t-il accusé, réclamant « une action internationale urgente pour ouvrir les points de passage sans condition et permettre l’entrée immédiate et complète de l’aide ».
Un haut-responsable de l’ONU a critiqué la médiocrité de cette aide. « Ce qu’Israël a fait entrer comme aide à Gaza est une goutte d’eau dans la mer », a rapporté la chaine qatarie al-Jazeera.
22 pays exigent une « reprise complète de l’aide, immédiatement »
22 pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et l’Australie, ont exigé lundi d’Israël une « reprise complète de l’aide à la bande de Gaza, immédiatement », demandant qu’elle soit organisée par les Nations unies et les ONG.
L’ONU et les organisations humanitaires « ne peuvent pas soutenir » le nouveau modèle pour la livraison de l’aide à ce territoire palestinien décidé par le gouvernement israélien, ont écrit les services diplomatiques de ces pays dans une déclaration commune transmise par le ministère allemand des Affaires étrangères.
La population de la bande de Gaza « fait face à la famine » et « doit recevoir l’aide dont elle a désespérément besoin », exhortent les ministères des Affaires étrangères de l’Australie, du Canada, du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande, de la France, de l’Allemagne, de l’Islande, de l’Irlande, de l’Italie, du Japon, de la Lettonie, de la Lituanie, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, du Portugal, de la Slovénie, de l’Espagne, de la Suède et du Royaume-Uni.
Or le « nouveau modèle de distribution » qu’Israël vient de décider « met en danger les bénéficiaires et les travailleurs humanitaires, sape le rôle et l’indépendance de l’ONU et de nos partenaires de confiance et lie l’aide humanitaire à des objectifs politiques et militaires », déplorent-ils.
« L’aide humanitaire ne devrait jamais être politisée et le territoire palestinien ne doit pas être réduit ni soumis à un quelconque changement démographique », disent encore les Etats signataires.
Critiques de la droite israélienne
Selon les médias israéliens, la décision de Netanyahu de reprendre immédiatement l’aide humanitaire à Gaza a été prise sans vote au cabinet, sous pression diplomatique des États-Unis et de l’Europe.
L’autorisation accordée par le Premier ministre israélien à cette aide alors que l’armée d’occupation mène son offensive la plus agressive depuis le déclenchement de la guerre a été critiquée au sein de la classe politique israélienne de droite qui refuse tout acheminement de l’aide.
En répondant aux critiques émanant de la droite israélienne, Netanyahu affirme que cette aide est essentielle pour maintenir le soutien international à l’opération militaire d’Israël, selon le média israélien i24. « Depuis le début de la guerre, nous avons affirmé que pour atteindre la victoire, une condition essentielle doit être remplie : nous ne pouvons pas permettre une situation de famine à Gaza. Personne ne nous soutiendra si cela se produit », a-t-il déclaré.
Il a souligné que « pour obtenir la victoire, ce problème doit être résolu » et que « jusqu’à l’établissement de zones d’aide désignées, une assistance minimale de transition doit être fournie pour prévenir la famine ».
Le ministre des Finances Betsalel Smotrich, président du parti Sionisme Religieux, a lui aussi défendu cette décision : « Nous fournirons un minimum de nourriture et de médicaments. Je m’engage personnellement sur ce point, même si ce n’est pas populaire auprès de ma base électorale et je suis prêt à ne pas être réélu pour atteindre la victoire. »
« Lorsque nos bons amis nous demandent de nous arrêter et de fournir une aide minimale, nous acceptons pour pouvoir poursuivre. Les gens recevront une pita et une assiette de nourriture, c’est tout. Cela n’atteindra pas le Hamas et permettra à nos amis dans le monde de continuer à nous fournir un parapluie diplomatique. »
Concernant l’offensive en cours, Smotrich a affirmé que « la méthode opérationnelle a changé : conquérir, nettoyer et rester jusqu’à la destruction du Hamas ».
Sur le plan d’émigration de Gaza, il a indiqué que « la population se rendra dans le sud de Gaza puis vers des pays tiers. »
L’ancien ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a lui aussi critiqué la décision de reprendre l’acheminement d’aide humanitaire vers Gaza, l’attribuant à « un refus persistant du gouvernement de promouvoir une alternative au Hamas ». « Tant que le remplacement du gouvernement du Hamas ne sera pas avancé, l’aide humanitaire continuera d’arriver aux terroristes », a déclaré Gallant.
Source: Divers