Les condamnations continuent de fuser de la part des dirigeants des pays alliés et amis d’Israël voire des plus fervents, manifestement horrifiés par les images du génocide et des bombardements qui continuent de faucher chaque jour la vie des dizaines de Palestiniens de la bande de Gaza, sans compter celles de la famine et de la misère qui les rongent, causées par le blocus israélien intensifié depuis le mois de mars.
Lundi, les images de la petite fille Ward en train de fuir le feu causé par un raid israélien sur l’école Fahmi Al-Jarjaoui où elle s’était déplacée depuis Beit Lahia avec les membres de sa famille avaient fait le tour du monde. On apprend ce mardi qu’elle est la seule survivante des 33 martyrs de ce massacre à Gaza-ville.
La semaine dernière, pour la première fois, le spectre de sanctions a été brandi par l’Union européenne qui a décidé de revoir son accord d’association avec Israël, comme l’avait annoncé sa cheffe de la diplomatie , Kaja Kallas. La mise en exécution de cet ultimatum attend toujours.
Le bombardement d’une école est « odieux »
Ce mardi, c’est la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui a qualifié d' »odieux » le bombardement israélien de cette école à Gaza et de sites abritant des civils, « L’intensification des opérations militaires d’Israël à Gaza, visant des infrastructures civiles – dont une école servant de refuge à des familles palestiniennes déplacées – et provoquant la mort de civils, y compris des enfants, est odieuse », a-t-elle affirmé lors d’un appel avec le roi de Jordanie, citée dans un communiqué.
« Cette escalade et ce recours disproportionné à la force contre des civils ne peuvent être justifiés au regard du droit humanitaire et international », a-t-elle ajouté, rappelant que l’Union européenne « avait toujours soutenu, et continuera à soutenir, le droit d’Israël à se défendre ».
Israël doit « immédiatement » rétablir l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, a-t-elle encore déclaré, appelant également le gouvernement israélien à mettre un « terme immédiat à l’escalade militaire en cours ».
Alors que les dirigeants israéliens font la source oreille à tous les appels, Mme Leyen ne fait nullement allusion à une sanction dissuasive.
« Ce qui se passe n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme » .
En Allemagne, son pays d’origine où elle était ministre des Armées, et réputée pour être l’un des soutiens européens les plus fervents à Israël, un certain changement de ton est décelé par les observateurs.
« Ce que nous voyons dans la bande de Gaza n’est en aucun cas acceptable – les souffrances qui y sont causées, les tueries – il faut y mettre un terme », a dit son chancelier Friedrich Merz lors d’une conférence de presse ce mardi après un entretien avec le Premier ministre finlandais à Turku (Finlande).
« Ce qui s’est passé ces derniers jours ne me semble plus absolument nécessaire à la défense du droit à l’existence d’Israël et à la lutte contre le terrorisme du Hamas », a dit Merz.
La semaine dernière, alors que les dirigeants canadien, français et britannique avaient condamné les actions d’Israël dans une déclaration commune, Friedrich Merz s’était abstenu de critiques ouvertes, compte tenu des relations sensibles avec Tel-Aviv en raison de la responsabilité historique de l’Allemagne dans l’Holocauste des juifs.
Mais les déclarations du chancelier allemand ne semblent pas présager plus que des condamnations verbales.
Lundi, le ministre allemand des AE a assuré que Berlin allait continuer à vendre des armes à Israël. « En tant que pays qui considère la sécurité et l’existence d’Israël comme un principe fondamental, l’Allemagne est toujours tenue d’aider Israël à garantir sa sécurité », a déclaré M. Wadephul à l’issue d’une rencontre à Madrid avec son homologue espagnol José Manuel Albares.
Quelles horreurs encore pour parler d’un génocide ?
Alors que l’Espagne plaide pour un embargo généralisé et forme avec l’Irlande et la Norvège le trio qui critique le plus ouvertement Israël en Europe, la Belgique semble vouloir le rejoindre.
Son ministre des Affaires étrangères et président des Engagés parle sans détour de génocide.
« Je ne sais pas quelles autres horreurs doivent encore se produire pour parler d’un génocide », a déclaré Maxime Prévot, pour le magazine flamand Humo.
« Les discours ne suffisent plus, il faut passer aux actes pour faire bouger Israël » a-t-il insisté.
« Ils me mettent très en colère. Depuis avril, je dis que le blocus humanitaire est une honte absolue. Affamer délibérément une population est un crime de guerre. C’est pourquoi j’ai mis sur la table du gouvernement une série de mesures, dont des sanctions contre Israël. » Sans préciser lesquelles.
79 martyrs en 24 heures
Entre temps, les Palestiniens de Gaza continuent de mourir par plusieurs dizaines chaque jour.
La Défense civile a recensé durant ces 24 dernières heures 79 martyrs et 163 blessés. Ce qui porte à 54.056 martyrs et 123.129 blessés le bilan des victimes depuis octobre 2023.
Ce mardi, il est question de 13 martyrs depuis l’aube.
Une frappe a visé une Tekiye, un point de distribution de la nourriture dans l’école Chaabane Rayes dans le quartier Touffah à Gaza-ville. 3 personnes ont été tuées.
616.000 déplacés depuis mars

S’ajoutent aux massacres et à la famine, les ordres d’évacuation qui font que les gens sont en déplacement continu.
La nouvelle offensive militaire israélienne lancé depuis le 18 mars et visant à prendre le contrôle de la totalité de l’enclave a entraîné le déplacement forcé 616 000 personnes, dont près de 180 000 personnes au cours des dix jours précédant le 25 mai, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM),
Pendant le cessez-le-feu, environ un demi-million de Palestiniens avaient pu rentrer chez eux, mais « ces progrès fragiles ont été réduits à néant ».
Source: Divers