Washington a sanctionné, le jeudi 5 juin, quatre magistrates de la Cour pénale internationale (CPI), estimant que leurs procédures visant des soldats américains ou l’exécutif israélien étaient “illégitimes” et “politisées”, une initiative immédiatement réprouvée par l’institution de La Haye.
Les mesures annoncées – interdiction d’entrée sur le sol américain, gel des avoirs détenus aux Etats-Unis – visent d’ordinaire des criminels ou des dirigeants politiques de pays adverses, plutôt que des magistrats.
“Nous n’avons pas pris cette décision à la légère. Cela reflète la menace sérieuse que représentent la politisation et l’abus de pouvoir de la CPI”, affirme le ministère américain des Affaires étrangères dans un communiqué.
“Ces quatre personnes participent activement aux actions illégitimes et infondées de la CPI ciblant les Etats-Unis et notre proche allié”, ‘Israël’, ajoute le département d’Etat.
Qui sont les juges visés ?
Les magistrates visées sont Solomy Balungi Bossa et Luz del Carmen Ibanez Carranza, à l’origine d’enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan.
Mais aussi Reine Alapini Gansou et Beti Hohler, qui ont autorisé la CPI à émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Les juges avaient estimé qu’il y avait des “motifs raisonnables” de soupçonner les deux hommes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la guerre génocidaire israélienne contre Gaza.
Le procureur Karim Khan déjà sanctionné
En février, les Etats-Unis avaient déjà pris des sanctions contre le procureur de la CPI Karim Khan, qui avait initié cette procédure contre l’exécutif israélien. Le procureur s’est depuis mis en retrait, car visé par une enquête pour “faute présumée”.
Netanyahu: “Merci au président Trump”
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi en remerciant tôt ce vendredi Donald Trump et son administration pour cette initiative.
“Merci au président Trump et au secrétaire d’Etat Rubio d’avoir imposé des sanctions contre les juges politisés de la CPI. Vous avez défendu à juste titre le droit d’Israël, des Etats-Unis et de toutes les démocraties à se défendre contre le terrorisme sauvage”, a écrit le dirigeant israélien sur X.
Rappelons que plus de 54.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été tués depuis le début de la guerre génocidaire israélienne lancée contre Gaza, depuis octobre 2023.
Réaction de la CPI
“Ces mesures constituent une tentative manifeste de porter atteinte à l’indépendance d’une institution judiciaire internationale qui opère sous le mandat de 125 Etats parties du monde entier”, a rapidement réagi la Cour dans un communiqué.
“La CPI soutient pleinement son personnel et poursuivra son travail sans se laisser décourager”, a ajouté l’institution.
“Cibler ceux qui œuvrent pour la justice ne contribue en rien à aider les civils pris au piège des conflits. Cela ne fait qu’enhardir ceux qui croient pouvoir agir en toute impunité”, a-t-elle poursuivi.
Pays non membres de la CPI
Ni les Etats-Unis ni ‘Israël’ ne sont membres de la CPI, juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Ils ne reconnaissent pas sa capacité à poursuivre leurs ressortissants.