Les deux plus hauts dignitaires chrétiens de la Terre Sainte se sont rendus vendredi à Gaza, après des tirs israéliens meurtriers sur une église catholique dans le territoire palestinien, qui ont provoqué des condamnations internationales. Alors que la famine et la malnutrition atteignent des proportions gravissimes.
Jeudi, le patriarcat latin a affirmé qu’une « frappe de l’armée israélienne » avait touché le complexe de l’église Sainte-famille à Gaza-ville, où sont réfugiés des centaines de déplacés palestiniens, faisant trois morts et 10 blessés parmi lesquels le père Gabriel Romanelli.
C’est la seule église catholique de la bande de Gaza, qui compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes. La plupart des chrétiens sont des orthodoxes mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans le territoire palestinien.
Pour le patriarcat latin, « viser un site sacré qui abrite environ 600 déplacés, en majorité des enfants, est une violation flagrante (…) du caractère sacré des sites religieux, supposés fournir un abri sûr en temps de guerre », rapporte l’AFP.
Tir direct, ou indirect?
Jeudi, Pierbattista Pizzaballa a déclaré à Vatican News : « ce que nous savons avec certitude, c’est qu’un char a frappé directement l’église ».
Une version des faits qui n’est pas partagée par les Israéliens.
« Israël regrette profondément qu’un tir indirect ait atteint l’église de la Sainte-Famille », a indiqué Netanyahu jeudi.
L’armée d’occupation israélienne a suggéré « que des éclats d’un obus tiré lors d’une opération dans le secteur ont touché par erreur l’église ».
Le pape a parlé avec Netanyahu
A l’occasion de cette visite, des vivres et du matériel médical seront livrés à la population civile au bord de la famine selon l’ONU, selon le Patriarcat latin et l’église grecque orthodoxe.
En Italie, le chef de la diplomatie, Antonio Tajani, a déclaré que la délégation était arrivée avec 500 tonnes d’aide : « Le gouvernement italien appelle Israël à garantir la sécurité des deux envoyés dans leur importante mission ».
Vendredi, le pape Léon XIV, lors d’une conversation téléphonique avec M. Netanyahu, a appelé à « redynamiser les négociations » en vue d’un cessez-le-feu et exprimé « sa préoccupation face à la situation humanitaire dramatique » à Gaza.
Famine généralisée. Malnutrition en hausse de 20%
Entretemps, la famine fait des ravages. Une petite fille de 3 ans, Sana’ Lahham a succombé ce vendredi pour malnutrition.
69 enfants ont péri pour malnutrition depuis le début de la guerre, selon le bureau médiatique du gouvernement de Gaza.
Le ministère de Santé assure qu’un nombre sans précédent de citoyens affamés sont hospitalisés en urgence pour fatigue et faim. « Des milliers dont les corps sont amaigris risquent de mourir à cause de la faim », a-t-il averti.
L’enfant Abdallah Abou Zarqa pleure de faim tandis que sa mère le regarde, impuissante.
La Gaza Medical Relief Society estime que les cas de malnutrition ont augmenté de 20 % par rapport à juin dernier.
Ils n’ont pas mangé de pain depuis deux mois
De son côté, le Réseau des organisations non gouvernementales palestiniennes a déclaré que la bande de Gaza traverse actuellement la pire phase d’une catastrophe humanitaire, en raison de la politique de famine menée par Israël. Le réseau a mis en garde contre les décès, notamment parmi les enfants et les personnes âgées, résultant de la politique de famine. Elle a appelé à l’entrée immédiate de l’aide à Gaza, étant donné le manque total de farine dans la bande de Gaza.
Scène dramatique devant un point de distribution de plats cuisinés
Le directeur de l’association a déclaré à la chaine qatarie al-Jazeera que la bande de Gaza connaît une famine généralisée en raison de l’interdiction des importations de nourriture. Il a estimé que le secteur de la santé avait besoin de 10 000 unités de sang par mois, mais seulement 2 000 sont disponibles.
Ce vendredi, 30 palestiniens ont été tués dans les raids israéliens dont 7 qui attendaient la distribution de l’aide humanitaire dans la rue Salaheddine au sud de Wadi Gaza au centre de l’enclave. La guerre lancée par Israël en riposte à l’attaque du 7 octobre a fait au moins 58.667 martyrs, majoritairement des civils, et plus de 130 mille blessés, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l’ONU.
Source: Divers