Un rapport détaillé publié par le journal israélien Haaretz a révélé que la vision avancée par le rabbin d’extrême droite Yitzhak Ginzburg il y a 20 ans destiné à démanteler les institutions de « l’État israélien » afin d’y établir un système religieux basé sur la suprématie juive a commencé à se matérialiser, avec la montée du contrôle du mouvement nationaliste religieux extrémiste sur les leviers du gouvernement dans l’État occupant.
Ginzburg, considéré comme l’autorité spirituelle des « Jeunes des collines », les milices armées de colons qui commettent des crimes hebdomadaires contre les Palestiniens en Cisjordanie, a publié en 2005 un « plan d’action » intitulé « Il est temps de briser la coquille », dans lequel il affirmait que « l’État démocratique juif » était une coquille vide qui devait être brisée pour libérer ce qu’il décrivait comme « la lumière divine qu’elle contenait ».
Cette « croûte », selon sa vision, se compose de quatre couches : les médias, le système judiciaire, les institutions de l’État et l’armée. Trois d’entre eux (les médias, la loi et le gouvernement) doivent être « complètement détruits », tandis que l’armée peut être « purgée » des valeurs morales occidentales, en particulier de « la pureté des armes », en faveur de la mise en œuvre d’ordres religieux appelant à des meurtres vengeurs sans retenue.
Ginsburg a explicitement fait l’éloge de l’auteur du massacre de la mosquée Ibrahimi, Baruch Goldstein, perpétré en 1994. Il a légitimé dans ses écrits le meurtre de femmes et d’enfants palestiniens, appelant même à l’élimination de toute présence palestinienne sur tout le territoire.
Des changements depuis 2023
Selon le rapport de Haaretz, les changements survenus dans l’État de l’occupation depuis octobre 2023 illustrent des progrès clairs dans la mise en œuvre de ce projet.
Les institutions médiatiques hébraïques ont adopté une rhétorique d’incitation et de vengeance, abandonnant « l’équilibre professionnel ». Le système judiciaire israélien légitime désormais la guerre génocidaire contre Gaza, comme cela s’est produit lorsque les juges des colonies ont approuvé une interdiction d’entrée de l’aide humanitaire, qualifiant l’agression de « guerre biblique ».
Dans le secteur de l’éducation, on observe de plus en plus de signes d’un glissement vers un discours nationaliste religieux radical, avec l’expulsion des enseignants qui prônent l’égalité et l’éducation d’une génération entière sur des concepts de nettoyage ethnique et de justification du génocide.
En parallèle, les sondages montrent que la jeune génération en Israël est plus favorable au transfert massif et au massacre de Palestiniens que la génération de ses parents.
Un sondage, réalisé en mars par l’Université Penn State en Pennsylvanie et publié par Haaretz, a révélé que 82 % des Israéliens soutiennent le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza et que 56 % soutiennent l’expulsion des Palestiniens des territoires occupés en 1948. Soit le pourcentage le plus élevé depuis deux décennies.
Le journal a noté que le soutien au déplacement des Palestiniens au sein de l’opinion publique israélienne a augmenté par rapport aux sondages réalisés en 2003, où le soutien au déplacement des Palestiniens de Gaza s’élevait à 45 %, tandis que le soutien à l’expulsion des Palestiniens des territoires occupés s’élevait à 31 %.
Les chiffres montrent aussi que 47 % des personnes interrogées étaient favorables à une répétition du « massacre biblique de Jéricho » contre les civils des villes palestiniennes si elles étaient prises d’assaut.
La bataille de Jéricho est un événement lié à la conquête du pays de Canaan, relaté dans le livre de Josué. Il raconte que le peuple d’Israël a fait tomber les murs de cette ville dont l’accès leur était interdit en faisant sonner ses trompettes sous son enceinte. Suivant le récit, apres l’effondrement du mur, Jéricho fut rasée, sa population massacrée et le lieu maudit.
Supposé avoir eu lieu entre 1315 ou 1210 av. J.C., la véracité de cet évènement est contestée. De nombreux archéologues s’accordent sur l’impossibilité de cette datation des faits rapportés par ces textes. Les fouilles archéologiques montrent que le site de Jéricho n’était pas habité au XIIIe siècle av. J.-C.
De même, plus de 65 % des personnes interrogées croient en une incarnation moderne d’Amalek, un ennemi biblique des Juifs. Parmi celles-ci, 93 % pensent que le commandement biblique “d’effacer Amalek” s’applique encore aujourd’hui.
Source: Médias